Site icon Job Avenue

Combien touche un cadre à la retraite : calcul de la pension, trimestres validés et impact de la carrière professionnelle

Combien touche un cadre à la retraite : calcul de la pension, trimestres validés et impact de la carrière professionnelle

Combien touche un cadre à la retraite : calcul de la pension, trimestres validés et impact de la carrière professionnelle

Pourquoi la retraite des cadres est un sujet à part

Un cadre ne prépare pas sa retraite comme un autre salarié. Salaire plus élevé, carrières parfois hachées, périodes à l’étranger, bonus variables, stock-options… Tout cela a un impact direct sur la pension finale.

En France, la retraite d’un cadre repose sur deux piliers :

Comprendre le fonctionnement des deux est indispensable pour répondre à la question qui fâche : « Combien vais-je toucher à la retraite ? »

On va donc décortiquer le calcul, les trimestres, et surtout l’impact réel de votre carrière de cadre sur le montant de votre pension.

Les règles de base : âge, durée d’assurance et taux plein

Avant de parler montants, il faut poser le cadre légal. Depuis la réforme des retraites :

Un cadre est donc concerné par trois questions clés :

Comment est calculée la retraite de base d’un cadre ?

La retraite de base est gérée par l’Assurance retraite (régime général). La formule est la même pour tous les salariés du privé, cadres inclus :

Pension de base = Salaire Annuel Moyen × Taux × (Durée d’assurance régime général / Durée d’assurance requise)

Salaire Annuel Moyen : un point critique pour les cadres

Le Salaire Annuel Moyen (SAM) est calculé sur la moyenne de vos 25 meilleures années de salaire brut, plafonnées au Plafond de la Sécurité sociale (PSS).

Pour 2024, le PSS annuel est d’environ 46 368 €. Cela signifie que même si vous gagnez 90 000 € par an, pour la retraite de base, on ne retiendra que la partie jusqu’au plafond.

Exemple simple :

Ce plafonnement explique pourquoi la retraite de base représente une part limitée de la pension totale d’un cadre. Le reste passe par la complémentaire.

Le taux : objectif 50 %

Le taux plein de la retraite de base est de 50 %. Vous l’obtenez si :

Si vous partez avant avec un nombre de trimestres insuffisant, une décote s’applique. Elle est de 1,25 % par trimestre manquant, dans la limite de 20 trimestres (12,5 % maximum de décote).

Exemple :

La durée d’assurance : l’effet « carrière incomplète »

La formule intègre aussi un prorata :

Durée d’assurance régime général / Durée d’assurance requise

Autrement dit, si vous n’avez pas tous vos trimestres dans le régime général (par exemple, une partie de carrière à l’étranger ou dans un autre régime), votre pension de base est réduite en proportion.

Exemple :

Combien touche réellement un cadre avec la retraite de base ?

Pour un cadre avec une longue carrière et un salaire souvent au-dessus du plafond :

Pension de base annuelle ≈ 46 000 × 50 % = 23 000 €, soit environ 1 915 € brut par mois.

C’est une moyenne théorique. Dans les faits, entre trous de carrière, années incomplètes, débuts de carrière modestes, beaucoup de cadres se situent plutôt entre 1 400 et 1 900 € brut / mois pour la retraite de base.

La retraite complémentaire Agirc-Arrco : le vrai levier pour les cadres

Pour un cadre, la retraite complémentaire représente souvent 50 à 70 % de la pension totale. C’est elle qui valorise les salaires au-dessus du plafond de la Sécurité sociale.

Le principe des points

La retraite Agirc-Arrco fonctionne par points :

En 2024, la valeur du point Agirc-Arrco est d’environ 1,42 € brut par an, soit environ 0,118 € brut par mois.

Si vous avez 30 000 points, votre retraite complémentaire sera donc d’environ :

Cadre, non-cadre : quelle différence dans la complémentaire ?

Avant 2019, il existait deux régimes : Arrco (tous les salariés) et Agirc (cadres). Depuis, ils sont fusionnés en un seul régime : Agirc-Arrco.

En pratique, la différence subsiste via :

Plus votre rémunération est élevée, plus vous engrangez de points sur la Tranche 2, et plus votre retraite complémentaire monte.

Le fameux malus temporaire de 10 %

Un mécanisme a fait grincer des dents : le coefficient de solidarité, souvent appelé « malus de 10 % ».

Principe (pour les générations concernées) :

Autrement dit : pour un cadre, partir dès le taux plein légal n’est pas toujours optimal. Décaler d’un an votre départ peut vous faire gagner plusieurs centaines d’euros par mois pendant trois ans.

Exemple complet : combien touche un cadre type à la retraite ?

Imaginons un cadre avec le profil suivant :

On obtient une pension totale brute d’environ 4 800 à 5 000 € / mois. En net, après CSG, CRDS, etc., on est plutôt autour de 4 000 à 4 300 € / mois.

Mais attention : c’est un profil de cadre supérieur avec carrière assez linéaire. Pour un cadre intermédiaire, la moyenne est plus souvent dans une fourchette entre 2 200 et 3 200 € net / mois, selon la stabilité de la carrière et le niveau des salaires.

Comment sont validés les trimestres pour un cadre ?

On oublie souvent que les trimestres ne sont pas liés à la durée de travail, mais aux revenus cotisés.

En 2024, il faut 1 690 € de salaire brut pour valider un trimestre. Vous pouvez valider jusqu’à 4 trimestres par an.

Un cadre à temps plein valide donc systématiquement 4 trimestres par an, même s’il ne travaille pas toute l’année (par exemple, embauche en mars ou départ en octobre), du moment qu’il dépasse le plafond de revenus requis.

Les trimestres peuvent être obtenus via :

Impact des choix de carrière d’un cadre sur la pension finale

Une carrière de cadre n’est pas toujours linéaire : expatriations, changements de statut, périodes en freelance, chômage de haut niveau… Chacun de ces choix laisse une trace sur la retraite.

Périodes à l’étranger

Expérience fréquente chez les cadres. Deux cas principaux :

Conséquence pratique : une longue expatriation mal préparée peut créer des trous de carrière dans le régime français et réduire la pension, surtout si rien n’est compensé (rachat, retraite supplémentaire d’entreprise, etc.).

Bonus, primes et variable : quel impact réel ?

Beaucoup de cadres sont payés avec une grosse part variable. Mauvaise nouvelle : pour la retraite de base, seule la rémunération soumise à cotisations dans la limite du plafond compte. Le super bonus à 50 000 € passe donc mal dans le calcul de base.

En revanche :

Autrement dit : le variable gonfle surtout votre retraite complémentaire, pas la retraite de base.

Périodes de chômage de cadre : perte sèche ou opportunité ?

Le chômage indemnisé permet de :

Mais ces périodes sont moins généreuses que l’activité salariée :

Cependant, pour un cadre senior au chômage en fin de carrière, rester indemnisé jusqu’à l’âge de la retraite peut permettre de :

Temps partiel en fin de carrière : un choix risqué ?

Le passage à temps partiel en fin de carrière est tentant. Mais attention :

Il existe des dispositifs de temps partiel avec surcotisation (employeur + salarié cotisent comme si vous étiez à temps plein). Cela permet d’amortir l’impact sur la retraite. Peu de cadres les demandent, par manque d’information.

Rachat d’années d’études : intéressant pour un cadre ?

Les cadres ont souvent fait des études longues. Les années de fac, d’école de commerce ou d’ingénieur ne valident pas toujours de trimestres. D’où l’option du rachat de trimestres.

Le dispositif de rachat Fillon permet de :

Pour un cadre avec un revenu élevé, le coût peut être important (souvent plusieurs milliers d’euros par trimestre). L’opération devient intéressante si :

Combien faut-il viser ? Ordres de grandeur pour un cadre

En pratique, la pension d’un cadre dépend de trois grandes variables :

Quelques ordres de grandeur (hors cas extrêmes) :

Comment un cadre peut-il optimiser sa future retraite ?

On ne maîtrise pas tout, mais plusieurs leviers restent actionnables :

La question « Combien touche un cadre à la retraite ? » n’a pas de réponse unique, mais elle n’a rien d’une loterie. Avec une bonne compréhension des mécanismes, un suivi régulier de votre carrière et quelques arbitrages stratégiques, la retraite devient un sujet que l’on pilote, et non que l’on subit.

Quitter la version mobile