
Un métier discret, une rémunération à découvrir
Parler du salaire d’un thanatopracteur – ou préparateur funéraire – est rarement au centre des discussions autour des métiers de l’emploi. Pourtant, le secteur funéraire emploie plus de 25 000 salariés en France, et les métiers qui composent cette filière ne cessent d’évoluer. Le thanatopracteur, souvent dans l’ombre, joue un rôle essentiel dans le processus de deuil. Et comme tout métier, il a une réalité salariale bien spécifique.
Alors, combien gagne réellement un thanatopracteur en 2024 ? Quels sont les facteurs qui influencent ses revenus nets ? Et quelles perspectives d’évolution offre ce métier méconnu ? Plongée pragmatique dans un métier de l’ombre qui paie – parfois bien plus qu’on ne le croit.
Un salaire qui débute autour du SMIC… mais ne s’y arrête pas
Un thanatopracteur débutant perçoit un salaire net situé entre 1 400 et 1 700 € par mois, ce qui reste relativement modeste comparé à la technicité du métier. Ce chiffre peut sembler bas, mais il faut le mettre en perspective : la profession est, en partie, artisanale et faiblement hiérarchisée. Et surtout, la rémunération évolue rapidement avec l’expérience et la spécialisation.
Dès que le professionnel accumule quelques années d’expérience (généralement 3 à 5 ans), son salaire net peut atteindre 2 200 à 2 600 € mensuels. Certains indépendants ou salariés d’entreprises privées opérant dans les grandes agglomérations voient leurs revenus grimper jusqu’à 3 000 € nets et plus.
Petit détail qui a son importance : la rémunération peut inclure des primes de déplacement, des astreintes, et parfois des majorations pour interventions en urgence ou en horaires décalés, qui sont fréquentes dans ce secteur.
Indépendant ou salarié ? Ce choix change la donne
Le statut joue un rôle majeur dans la variation des revenus. Le thanatopracteur peut exercer :
- en salarié dans une entreprise de pompes funèbres ou directement pour une collectivité territoriale ;
- en prestataire indépendant travaillant pour plusieurs sociétés, sur une zone géographique donnée.
En tant qu’indépendant, les revenus sont plus élevés — parfois nettement. Un prestataire bien implanté peut générer mensuellement entre 3 500 et 5 000 € brut, voire davantage lors de périodes intenses ou en zone urbaine où la demande est forte. Mais attention : à cela s’ajoutent les charges sociales, les frais de déplacement et le matériel, souvent coûteux.
Le salarié, lui, profite de la stabilité d’un contrat, notamment en CDI, mais voit ses marges de progression plus restreintes et sa liberté professionnelle encadrée.
Les facteurs qui boostent le salaire
Plusieurs éléments viennent impacter directement la rémunération d’un thanatopracteur :
- L’expérience : Comme dans beaucoup de métiers techniques, elle fait toute la différence.
- La localisation : En Île-de-France ou dans les grandes métropoles, les salaires moyens sont plus élevés — jusqu’à 30 % de plus qu’en zone rurale.
- Le volume d’activité : Celui qui effectue plus de 20 soins par semaine aura, logiquement, un revenu supérieur à celui qui en fait 7 ou 8.
- Les spécialités complémentaires : Certains professionnels étendent leur activité à la formation d’apprentis, à des actions de sensibilisation, ou à la gestion d’établissements funéraires.
Un exemple concret : Christophe, thanatopracteur indépendant à Lyon depuis 12 ans, facture entre 120 et 180 € HT par soin. Il totalise une trentaine d’interventions mensuelles, génère un chiffre d’affaires avoisinant les 5 000 € par mois, mais doit aussi gérer ses cotisations sociales, ses outils et déplacements.
Un métier peu connu… mais en tension
Le secteur funéraire est paradoxal. Il fait face à une demande stable, voire en légère hausse, mais souffre d’un manque de profils qualifiés. En clair : il y a du travail pour les thanatopracteurs, formés, motivés et disponibles.
Depuis quelques années, on observe une véritable professionnalisation du métier. De la formation pratique à la réglementation, tout est encadré. La certification obligatoire (délivrée par le ministère de la Santé) est le sésame indispensable pour exercer.
Les entreprises peinent parfois à recruter. C’est donc un contexte idéal pour les jeunes diplômés ou les professionnels en reconversion qui cherchent un métier stable, utile, et valorisant.
Que faut-il pour se lancer ?
Côté formation, le parcours est exigeant. Il faut suivre une formation dans un centre agréé, comprenant :
- 12 semaines de cours théoriques (anatomie, législation, hygiène) ;
- 12 semaines d’application pratique dans une entreprise funéraire ;
- Un examen d’État, obligatoire, comprenant des épreuves écrites et pratiques.
Le prix de la formation avoisine souvent les 7 000 à 9 000 €, mais peut être financé via un CIF, CPF ou Pôle Emploi.
Et ensuite ? Trouver un employeur est rarement un problème. Ce qui compte, c’est de faire preuve de rigueur, de respect, et… de disponibilité. Le métier impose + de flexibilité horaire que la moyenne : veilles, weekends, jours fériés. Mais cela fait aussi partie de ce qui justifie une rémunération supérieure au salaire de base dans certains cas.
Des perspectives d’évolution bien réelles
Le métier de thanatopracteur ne se limite pas à effectuer des soins de conservation. Voici quelques chemins d’évolution :
- Responsable de service funéraire : Gestion d’une équipe, suivi administratif, supervision des prestations.
- Formateur : Transmission de compétences dans un centre de formation agréé.
- Création d’entreprise : Lancer sa propre structure, sous-traiter pour plusieurs opérateurs.
- Spécialisation : Certains se spécialisent dans les reconstructions complexes, les soins à l’étranger, ou le transport international de corps.
Cela dit, ceux qui font carrière dans ce domaine y trouvent souvent autre chose qu’un simple « job » : un métier profondément humain, au sens noble du terme. Et c’est aussi cela qui attire en 2024 de plus en plus de reconversions professionnelles vers les métiers du funéraire.
Un salaire net en miroir d’un engagement fort
Il serait erroné de croire que le métier de thanatopracteur est purement lucratif. Il exige courage, résilience, empathie – tout en demandant une grande technicité. Mais la réalité salariale montre que cet engagement est aussi reconnu, notamment à travers des évolutions chiffrées significatives dès les premières années de carrière.
En résumé :
- Débutant : entre 1 400 et 1 700 € net par mois ;
- Confirmé : entre 2 200 et 3 000 € ;
- Indépendant : jusqu’à 5 000 € brut mensuels et plus, selon l’activité.
Dans un monde de plus en plus à la recherche de sens, ce métier à la fois discret et capital offre de solides garanties professionnelles. D’autant plus que l’intelligence émotionnelle, la gestion de crise et l’adaptabilité – piliers du métier – sont désormais au cœur même des compétences clés de demain.
Alors, pourquoi ne pas considérer cette voie ? Après tout, comme le rappelle un adage bien connu dans le milieu : « Ce métier, on ne s’y précipite pas, mais il vous rattrape souvent à un moment clé de votre vie. »