
Pourquoi l’art-thérapie a sa place dans le paysage professionnel actuel
Dans un monde du travail de plus en plus centré sur la performance, le bien-être mental est devenu un enjeu stratégique. Burn-out, reconversions, souffrance au travail : les professionnels de l’accompagnement sont en première ligne. Parmi eux, l’art-thérapeute tire son épingle du jeu. Grâce à une approche originale et humaniste fondée sur la création artistique, ce métier attire de plus en plus d’actifs en quête de sens et de reconversion porteuse.
Mais comment devient-on art-thérapeute reconnu en France ? Quelles formations sont certifiantes ? Et surtout, quelles perspectives d’emploi offre cette profession ? Nous faisons le point.
L’art-thérapie, un métier en expansion
L’art-thérapeute n’est pas un simple animateur d’atelier artistique. Il utilise la création (peinture, musique, écriture, théâtre…) comme outil thérapeutique pour aider des individus en souffrance psychologique ou physique. Son action s’inscrit souvent dans des institutions médicales, sociales ou éducatives : hôpitaux, EHPAD, centres de rééducation, foyers d’accueil, établissements scolaires.
Selon les données de la Fédération Française des Art-Thérapeutes (FFAT), le nombre de praticiens diplômés a progressé de 43 % en cinq ans. Une preuve claire : la demande est croissante, tant du côté des publics accompagnés que des structures d’accueil.
Mais l’art-thérapie est une discipline règlementée de manière non médicale. Autrement dit : tout le monde ne peut pas s’improviser art-thérapeute. Une certification sérieuse, idéalement inscrite au RNCP, est aujourd’hui indispensable pour être reconnu et employable.
Qu’est-ce qu’une formation d’art-thérapeute RNCP ?
Une formation art-thérapeute enregistrée au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) garantit une reconnaissance par l’État. Elle atteste que le cursus répond à des critères de qualité, de mise en pratique et qu’il débouche sur des débouchés réels en emploi.
En d’autres termes : si vous recherchez un parcours solide, professionnalisant, et qui vous ouvre la porte à un financement via le CPF, vous devez viser un titre RNCP de niveau 6 (équivalent bac+3/4).
À noter : certaines formations s’annoncent comme « certifiantes » sans l’être réellement. Pour vérifier qu’un titre est bien reconnu RNCP, rendez-vous directement sur le site de France Compétences.
Quelles sont les conditions d’accès à ces formations ?
Les prérequis varient selon les organismes, mais plusieurs tendances se dégagent :
- Avoir un niveau d’études minimum (souvent bac+2 ou équivalent dans un domaine médical, social, pédagogique ou artistique).
- Justifier d’une expérience professionnelle, idéalement dans la relation d’aide ou dans un métier de l’humain.
- Être animé d’une forte motivation personnelle (souvent évaluée par un dossier de candidature ou un entretien).
Vous êtes infirmier en reconversion ? Enseignant à la recherche de sens ? Artiste professionnel voulant professionnaliser son approche thérapeutique ? Ce métier peut vous être ouvert, à condition de suivre la bonne formation.
Contenu d’une formation d’art-thérapeute certifiée
Une formation RNCP sérieuse allie théorie clinique, pratique artistique et mise en situation professionnelle. Elle couvre des domaines variés :
- Fondamentaux en psychologie, psychopathologie, psychanalyse.
- Méthodologie d’entretien et posture propre à l’art-thérapeute.
- Pratique artistique appliquée à l’accompagnement thérapeutique.
- Mise en situation réelle via des stages obligatoires (entre 350 h et 500 h en général).
Exemple concret : à l’École Profac ou à l’institut INECAT (Paris), on demande aux apprenants de créer et animer un projet d’atelier d’art-thérapie directement en établissement. C’est un passage obligé pour valider la certification.
Quels débouchés après une formation valant titre RNCP ?
Si on regarde les chiffres, la réponse est plutôt encourageante. Selon une enquête menée par l’École Profac en 2022, près de 70 % des diplômés RNCP trouvent un poste ou lancent leur propre activité dans les 12 mois après la formation.
Ils interviennent en tant que :
- Salariés dans le médico-social (hôpital, IME, CMP, EHPAD, etc.).
- Travailleurs indépendants, souvent rattachés à une micro-entreprise.
- Partenaires d’associations ou collectivités (politique de santé publique, prévention, inclusion).
Un exemple : Claire, 38 ans, ancienne professeure d’arts plastiques, s’est formée en art-thérapie RNCP après un burn-out. Elle exerce aujourd’hui à temps partiel dans une clinique psychiatrique et anime un atelier hebdomadaire dans un foyer d’adultes handicapés. Elle facture ses interventions via le statut d’auto-entrepreneur, avec un tarif moyen de 50 € à 70 € de l’heure.
Le métier permet ainsi une grande flexibilité dans les modalités d’exercice, mais cela suppose aussi une bonne capacité de gestion de projet et de prospection si l’on choisit la voie indépendante.
Organismes proposant des formations certifiantes RNCP
En France, plusieurs écoles reconnues proposent des formations homologuées :
- INECAT (Paris) – Réputé pour son exigence pédagogique et son approche psychanalytique de l’art-thérapie.
- AFRATAPEM (Tours) – Axé sur une perspective clinique intégrative, accessible aux professionnels du soin.
- École PROFAC (Avignon et Paris) – Propose un parcours compatible avec une activité professionnelle via la formation à distance et le blended learning.
- IRFAT (Nice) – Connue pour sa rigueur en matière de psychopathologie et d’éthique professionnelle.
Le choix de l’organisme dépendra de votre profil, de votre projet professionnel et bien sûr… de votre situation géographique. Mais ne vous arrêtez pas à la localisation : vérifiez la durée, les modalités de stage, les partenariats avec les structures locales et le taux d’insertion à l’issue.
Peut-on financer une formation art-thérapeute RNCP ?
Oui, plusieurs options existent, notamment via le CPF. Une formation RNCP est éligible, ce qui peut alléger fortement votre budget (les tarifs avoisinent entre 6000 € et 9000 € sur deux ans selon les écoles).
Autres dispositifs à explorer :
- Projet de Transition Professionnelle (ancien CIF) pour les salariés en reconversion.
- Aide individuelle à la formation (Pôle emploi) pour les demandeurs d’emploi.
- Financement possible par votre OPCO si vous êtes déjà en poste dans le médico-social.
Pensez à réaliser un dossier solide – bilan de compétences préalable, motivations, projet professionnel validé. Les aides ne sont pas automatiques, mais elles existent. Monter son financement, c’est un projet à part entière.
Et après ? Quelques conseils pour bien démarrer
Se former, c’est bien. Se lancer, c’est mieux. Voici quelques conseils issus du terrain :
- Travaillez votre réseau local (hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, associations) : la plupart des missions viennent par bouche-à-oreille.
- Préparez votre projet d’installation : budget, statut, communication, site web, assurance professionnelle.
- Formez-vous en parallèle à des techniques de gestion d’activité : facturation, négociation, relation client (très utile en libéral).
- Multipliez les retours de stage lors de la formation : c’est souvent là que se joue la première embauche.
Dernier conseil : ne vous lancez pas pour fuir un métier, mais pour construire un projet solide. L’art-thérapie requiert de l’engagement, de l’écoute et une posture professionnelle adaptée. Mais pour ceux qui s’y investissent sincèrement, c’est un métier enrichissant, humainement autant que professionnellement.
Le marché est là. Les besoins sont réels. Et les formations sérieuses existent. À vous de jouer.