Un métier essentiel : que fait vraiment un agriculteur ?
L’image de l’agriculteur a considérablement évolué. On est loin du cliché du paysan en bottes dans son champ. Aujourd’hui, un agriculteur est à la fois gestionnaire, technicien, chef d’entreprise et parfois vendeur en circuit court. En résumé : un métier complet qui ne se limite pas à « travailler la terre ».
Les missions d’un agriculteur dépendent fortement de la spécialisation de son exploitation. On distingue principalement cinq grands types de production :
- Les grandes cultures : blé, maïs, colza, betteraves.
- L’arboriculture : pommes, cerises, kiwis.
- La viticulture : production de raisin pour le vin.
- L’élevage : bovins, porcs, volailles, ovins.
- Le maraîchage : légumes frais, plantes aromatiques.
Dans tous ces cas, l’agriculteur doit :
- Préparer les sols, semer ou planter.
- Surveiller l’évolution des cultures ou la santé des animaux.
- Utiliser des outils numériques pour le pilotage de l’exploitation.
- Récolter ou amener les animaux à l’abattoir (selon l’activité).
- Gérer les stocks, les ventes, les relations avec les coopératives ou les acheteurs directs.
- Tenir une comptabilité, gérer les subventions, respecter la règlementation (normes environnementales notamment).
Autrement dit, c’est un métier sur plusieurs fronts. Il combine travail physique, sens de l’organisation, capacité à anticiper les aléas climatiques, et solides compétences de gestion. Dans certains cas, la commercialisation directe ajoute aussi une dimension très relationnelle au quotidien.
Un exemple ? Dans le Gers, un jeune agriculteur de 28 ans a converti son exploitation céréalière au bio et vend désormais 70 % de sa production en circuit court via un groupement local. Il a été formé sur place, avec l’aide d’un mentor senior et des formations dispensées par la Chambre d’Agriculture. Résultat : une autonomie renforcée, plus de marge, mais aussi plus de complexité à gérer.
Quelles sont les compétences clés pour réussir ?
On l’a vu, l’agriculteur moderne n’est pas seulement un technicien. Il doit aussi savoir piloter une petite entreprise, voire une TPE de plusieurs salariés pour les exploitations de taille moyenne à grande.
Les compétences les plus demandées aujourd’hui :
- Capacité à travailler en extérieur, quelles que soient les conditions.
- Bon niveau de technicité agricole (agronomie, élevage, machinisme).
- Maîtrise des outils numériques : logiciels de gestion de culture, GPS embarqué, capteurs connectés.
- Connaissances juridiques et administratives (PAC, labels, normes sanitaires).
- Gestion comptable et financière de l’exploitation.
- Goût du travail en autonomie, mais aussi aptitude à collaborer (coopératives, syndicats, vendeurs, etc.).
Les jeunes générations sont souvent attirées par l’innovation (agriculture de précision, permaculture, circuits courts). Mais attention : le secteur reste exigeant physiquement et financièrement, surtout en phase de démarrage.
Quelle formation suivre pour devenir agriculteur ?
Il existe plusieurs voies pour accéder au métier d’agriculteur. Tout dépend du niveau de qualification visé et du type d’exploitation envisagé.
Voici les principales filières de formation :
- CAP agricole (2 ans après la 3e) : idéal pour démarrer rapidement, en général orienté vers l’élevage, la production végétale ou la conduite d’engins.
- BAC PRO agricole (3 ans après la 3e) : plus complet, il prépare à la gestion d’une exploitation. Formations courantes : Bac pro Conduite et gestion de l’exploitation agricole (CGEA).
- BTSA (Brevet de Technicien Supérieur Agricole) : bac +2, très apprécié pour aller vers des exploitations spécialisées, technicité accrue. On retrouve souvent les spécialités « Productions animales », « Analyse et conduite de systèmes d’exploitation », etc.
- Licence professionnelle ou école d’ingénieurs agri/agro : pour développer des compétences en recherche, innovation ou management agricole. Souvent utile pour reprendre ou créer une exploitation de grande taille ou certifiée bio.
S’ajoutent de nombreuses formations continues accessibles aux adultes en reconversion. De plus en plus d’urbains passent le pas, souvent via le dispositif « Parcours Installation » financé par le FEADER ou les Régions.
Point réglementaire important : pour bénéficier des aides liées à l’installation (DJA, prêt bonifié, etc.), il faut obtenir la capacité professionnelle agricole, qui découle de la formation initiale ou de l’expérience professionnelle.
Combien gagne un agriculteur ?
La question épineuse. En France, les revenus agricoles varient fortement selon la spéculation, la taille de l’exploitation, sa rentabilité, et le modèle de commercialisation adopté.
Voici quelques repères basés sur les données de l’INSEE et la MSA :
- Revenu moyen par actif agricole en 2022 : environ 1 430 € nets/mois.
- Ce chiffre cache de fortes disparités : un éleveur laitier en Bretagne touche en moyenne 1 900 € nets/mois, tandis qu’un céréalier en Champagne peut dépasser les 3 000 € dans les bonnes années.
- À l’inverse, certaines filières (ovin, apiculture) génèrent des revenus proches du SMIC, surtout en phase de lancement d’activité.
Un point crucial pour comprendre ces écarts : de nombreux agriculteurs ne se versent pas de salaire au sens classique. Ils rémunèrent leur travail via les bénéfices de l’exploitation (BIC ou BA), ce qui rend la lecture des revenus agricoles plus complexe.
D’un point de vue entrepreneurial, une exploitation bien gérée peut dégager un chiffre d’affaires de 80 000 à 150 000 € par an en maraîchage bio en circuit court, par exemple. Mais cela demande rigueur, diversité de débouchés, et un excellent équilibre entre production et commercialisation.
Un métier en mutation et en tension
Le saviez-vous ? En France, la moitié des agriculteurs partira à la retraite d’ici 2030. En parallèle, on compte à peine 5 % de jeunes agriculteurs installés de moins de 35 ans. Résultat : une tension énorme sur le renouvellement des générations.
Cette réalité crée des opportunités. Beaucoup de terres vont changer de mains. Les pouvoirs publics soutiennent les installations via des dispositifs incitatifs, et les métiers de l’agriculture réinventent leurs modèles : permaculture, microfermes, agroforesterie, vente directe, labels bio ou HVE.
L’enjeu ? Attirer de nouveaux profils, souvent en reconversion, ou issus du monde urbain, qui apportent un regard neuf mais doivent s’adapter à la dure réalité du terrain (climat, réglementation, rentabilité).
Le numérique prend aussi une place croissante. Tracteurs autonomes, capteurs intelligents, drones pour surveiller l’état des cultures : l’agriculture de demain se pilote aussi derrière un écran. Une tendance qui séduit certains profils techniques, notamment issus de l’informatique ou de l’électronique.
Pourquoi (et quand) envisager ce métier ?
Choisir de devenir agriculteur, ce n’est pas juste changer de métier : c’est choisir un mode de vie. Il faut aimer l’autonomie, accepter l’incertitude, être prêt à travailler dur, souvent avec des horaires atypiques. Mais c’est aussi un métier de sens, au contact du vivant et au service de l’alimentation.
Trois profils s’épanouissent particulièrement dans ce métier :
- Les jeunes issus d’un milieu agricole, qui veulent reprendre ou moderniser l’exploitation familiale.
- Les actifs en reconversion (cadres, artisans, anciens fonctionnaires) attirés par le retour à la terre et l’indépendance professionnelle.
- Les porteurs de projets innovants : agriculture urbaine, production en hydroponie, fermes autosuffisantes, circuits courts bio, etc.
Comme toujours, le succès repose sur une solide préparation. Un projet agricole ne s’improvise pas. Il faut comprendre les enjeux du territoire, étudier les débouchés, anticiper les investissements. Mais avec les bonnes ressources (Réseau CIVAM, Chambres d’Agriculture, ADDEAR, etc.), il est tout à fait possible de réussir une installation sur mesure.
En fin de compte, le métier d’agriculteur peut être aussi technique qu’enrichissant. À condition de le considérer comme ce qu’il est : une aventure entrepreneuriale à part entière, où rigueur, passion et résilience font partie des prérequis.
Et vous ? Prêt à troquer l’open space pour les bottes ?