La reconversion vers le métier d’assistante sociale séduit de plus en plus de professionnels en quête de sens et d’impact humain. Ce parcours nécessite cependant une bonne connaissance du secteur social, des formations accessibles, des compétences humaines requises et des débouchés professionnels envisageables. Cet article aborde les étapes clés pour réussir sa transition professionnelle vers ce métier porteur de valeurs, tout en répondant aux principales interrogations sur la formation, les conditions d’accès, les financements et les perspectives d’évolution.
Pourquoi le métier d’assistante sociale attire les professionnels en reconversion ?
Donner du sens à son parcours professionnel : un métier profondément humain
Dans un contexte où le besoin de sens au travail devient un moteur central de la reconversion professionnelle, le métier d’assistante sociale apparaît comme une voie privilégiée pour celles et ceux qui souhaitent contribuer concrètement à l’amélioration du quotidien d’autrui. Ce métier, inscrit dans le Code de l’action sociale et des familles (articles L.411-1 à L.411-2), s’articule autour de missions à forte valeur humaine : accompagnement des publics fragiles, médiation sociale, défense des droits, et mise en place de dispositifs d’aide. Au-delà des compétences techniques, ce sont les qualités relationnelles, la capacité d’écoute et l’empathie qui sont les piliers de cette profession. Le rapport annuel de la DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) souligne qu’en 2023, 68 % des professionnel(le)s en activité indiquaient avoir choisi ce métier pour « contribuer à un projet de société plus solidaire ». Loin des critères purement économiques, cette orientation traduit un engagement profond et une recherche de cohérence entre valeurs personnelles et projet professionnel.
Un secteur en tension : des besoins croissants face à la précarité
Le métier d’assistante sociale évolue dans un environnement marqué par une augmentation significative des demandes d’accompagnement social. Selon les données publiées par la DREES en 2023, les structures sociales – qu’elles soient publiques ou associatives – doivent faire face à une pression croissante, liée à la montée des situations de précarité, d’isolement et de vulnérabilité. Ce phénomène s’explique notamment par la persistance du chômage de longue durée, le vieillissement de la population, la crise du logement ou encore les conséquences économiques post-Covid. Dans ce contexte, la demande en professionnels du travail social est en forte croissance, tandis que le nombre de postes vacants reste élevé, en raison de départs à la retraite non remplacés, d’un manque d’attractivité du secteur et de conditions de travail parfois éprouvantes. Le rapport IGAS de juillet 2022 illustre cette tension en révélant que 22 % des postes d’assistants sociaux dans les départements étaient non pourvus. Cette réalité crée un effet d’opportunité pour les professionnels en reconversion qui disposent des aptitudes nécessaires, combinant engagement personnel, capacité d’analyse et gestion de situations complexes. Par ailleurs, les Politique sociales publiques, confortées par la loi du 7 août 2015 relative à la modernisation du système de santé, renforcent le rôle de l’assistante sociale dans les parcours de soin, les structures médico-sociales et les dispositifs de maintien à domicile, élargissant encore le champ d’intervention et les possibilités d’emploi à court et moyen terme.
Liste des facteurs déclencheurs d’une reconversion vers l’assistance sociale
Comment se reconvertir efficacement pour devenir assistante sociale ?
Liste des conditions requises pour intégrer une formation d’assistante de service social (DEASS)
Accéder à la formation préparant au Diplôme d’État d’Assistant de Service Social (DEASS) répond à des critères précis définis par la réglementation en vigueur. Selon l’Arrêté du 22 août 2018 relatif au diplôme d’État d’assistant de service social, plusieurs conditions d’admission doivent être réunies pour entamer ce cursus professionnalisant. La sélection s’effectue via la plateforme Parcoursup pour les bacheliers ou en candidature directe dans le cadre de la formation continue.
- Être titulaire du baccalauréat (ou d’un diplôme équivalent de niveau 4) est requis pour entrer en formation initiale. L’accès est également possible pour les candidats justifiant d’une VAE (validation des acquis de l’expérience).
- Réussir les épreuves de sélection organisées par l’établissement de formation : dossier de candidature, entretien de motivation, éventuellement épreuves écrites de culture générale ou de mise en situation.
- Justifier de certaines aptitudes personnelles : écoute, sens de l’analyse, motivation pour le travail social, capacité à travailler en équipe et esprit critique. Ces qualités sont souvent évaluées lors de l’entretien avec le jury d’admission.
- Pour les professionnels en reconversion, il est possible d’accéder à la formation via un dispositif de transition professionnelle, tel que le CPF de transition ou Pro-A, en justifiant d’une expérience professionnelle significative (tous secteurs confondus).
- Une mise à jour vaccinale et un avis médical d’aptitude sont généralement exigés pour la réalisation des stages, obligatoires tout au long de la formation.
La formation DEASS est inscrite au niveau 6 du RNCP (équivalent bac +3) et s’étend sur trois années, combinant enseignements théoriques et stages en milieu professionnel. Pour les personnes déjà diplômées d’un bac+2 dans le champ du social ou paramédical (moniteur-éducateur, technicien de l’intervention sociale et familiale…), des passerelles existent via le dispositif d’allègements ou d’équivalences, conformément aux articles R451-1 et suivants du Code de l’action sociale et des familles.
Tableau des différentes voies d’accès : formation initiale, continue, VAE, alternance
La reconversion vers le métier d’assistant(e) de service social peut emprunter divers chemins, adaptés aux profils variés des candidats : jeunes diplômés, actifs en reconversion, demandeurs d’emploi ou professionnels expérimentés. Chaque modalité d’accès présente des spécificités en matière de durée, de financement, de modalités pédagogiques et d’exigences réglementaires. Le tableau ci-dessous synthétise les principales voies d’accès au Diplôme d’État d’Assistant de Service Social (DEASS), telles que définies par l’arrêté du 22 août 2018, le Code de l’éducation (article D612-1 à D612-2) et le Code du travail (articles L6313-1 à L6313-11).
Voie d’accès | Public concerné | Conditions principales | Financement possible | Durée |
---|---|---|---|---|
Formation initiale | Bacheliers ou étudiants en poursuite d’étude | Baccalauréat requis, admission via Parcoursup, épreuves de sélection | Bourses étudiantes, financement personnel, aides régionales | 3 ans à temps plein |
Formation continue | Salariés en reconversion ou demandeurs d’emploi expérimentés | Justifier d’une expérience professionnelle, épreuves d’entrée | Plan de développement des compétences, CPF, Transition Pro, Pôle emploi | 2 à 3 ans selon allègements |
Alternance | Public en situation d’emploi ou en contrat d’apprentissage | Signature d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation | Prise en charge par l’OPCO, rémunération de l’alternant(e) | 3 ans en alternance |
VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) | Professionnels avec minimum 1 an d’expérience dans le social | Constitution d’un dossier de preuves, soutenance devant un jury | Financement par CPF, employeur, Région ou à titre personnel | Variable (entre 6 mois et 1 an en moyenne) |
Chaque parcours peut être optimisé par des dispositifs d’accompagnement spécialisés (bilan de compétences, conseil en évolution professionnelle, accompagnement VAE) afin de sécuriser les étapes et maximiser les chances de succès. Il est recommandé de se rapprocher d’une structure certifiée (ex : organisme de formation agréé, centre VAE) pour établir un plan d’action individualisé conforme aux exigences du diplôme.
Financer sa reconversion : CPF, PTP, dispositifs régionaux et aides spécifiques
Préparer une reconversion professionnelle vers le métier d’assistante sociale implique souvent un investissement financier conséquent. Heureusement, plusieurs dispositifs de financement existent pour accompagner cette transition. Le plus utilisé est le Compte Personnel de Formation (CPF), qui permet de mobiliser un crédit en euros pour financer des formations certifiantes, dont le Diplôme d’État d’Assistant de Service Social. Depuis la réforme issue de la loi n°2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, le CPF est accessible en autonomie, via une plateforme numérique, et peut être complété par des abondements (employeur, Pôle emploi, Régions).
Autre levier : le Projet de Transition Professionnelle (PTP), anciennement CIF. Régi par les articles L6323-17 à L6323-24 du Code du travail, il s’adresse aux salariés souhaitant se reconvertir via une formation longue certifiante. Géré par les Associations Transitions Pro (ex-Fongecif), le PTP prend en charge la rémunération pendant la formation ainsi que les frais pédagogiques, sous réserve d’un dossier validé selon les critères de cohérence du projet et de perspectives d’emploi.
Les dispositifs régionaux complètent ces aides nationales. Les Conseils régionaux proposent souvent des financements pour les demandeurs d’emploi en reconversion, dans le cadre du Plan Régional de Formation (PRF). Par exemple, certaines Régions financent intégralement le parcours DEASS en formation continue, avec un soutien logistique (transport, hébergement). Ces aides sont conditionnées à l’inscription sur une formation agréée et au passage par Pôle emploi ou une Mission Locale.
Enfin, il existe des aides spécifiques : pour les demandeurs d’emploi, l’Aide Individuelle à la Formation (AIF) de Pôle emploi peut être sollicitée en complément du CPF. Pour les agents de la fonction publique, les dispositifs type congé de formation professionnelle (CFP) prévu par le décret n°2007-1470 ou du plan de formation interne, sont également mobilisables.
- CPF : cumulable, géré individuellement, sans condition d’ancienneté
- PTP : financement long, dossier à soumettre 3 à 4 mois avant l’entrée en formation
- Dispositifs régionaux : aides variables selon le territoire, souvent accessibles via les centres de formation agréés
- AIF et autres aides spécifiques : ciblées selon statut (indépendants, agents publics, jeunes sans qualification, etc.)
Il est conseillé d’établir un parcours de financement personnalisé, en lien avec un conseiller en évolution professionnelle (CEP), qui orientera vers les dispositifs les plus adaptés au profil professionnel et à la durée de la formation visée.
Compétences, missions et perspectives : que faut-il savoir sur le métier ?
Les qualités humaines et professionnelles indispensables à l’exercice du métier
Exercer la profession d’assistante sociale ne s’improvise pas : au-delà du diplôme et des compétences techniques, certaines qualités humaines et professionnelles sont indispensables pour répondre aux exigences du terrain. Cette réalité est accentuée dans le cadre de la réforme des formations sociales (Décret n° 2018-734 du 22 août 2018), qui formalise l’importance du savoir-être dans l’évaluation des futurs diplômés. En effet, l’assistante sociale est quotidiennement confrontée à des situations complexes, souvent empreintes de souffrance, d’urgence ou de rupture. Face à cela, la première qualité attendue est sans conteste l’empathie, capacité à se mettre à la place de l’autre sans céder à l’émotion ou au jugement. Elle va de pair avec une écoute active et un soutien non-directif, notamment dans l’accompagnement des personnes en situation de précarité ou en parcours de soin.
Sur le plan professionnel, une rigueur méthodologique est également fondamentale. Le travail social s’inscrit dans un cadre réglementaire précis (Code de l’action sociale et des familles, notamment articles R. 451-1 à R. 451-3), imposant la rédaction de rapports, la mise en œuvre de projets d’accompagnement personnalisés et le respect du secret professionnel (article 226-13 du Code pénal). Il est donc essentiel de maîtriser l’analyse des situations, de savoir prioriser les besoins et d’adopter une posture d’évaluation continue. S’y ajoute la nécessité de travailler en pluridisciplinarité : savoir coopérer avec des partenaires institutionnels (éducation nationale, santé, justice, logement…) ou associatifs est un prérequis incontournable.
D’autres compétences « transversales » s’imposent naturellement. La gestion du stress, la capacité à réguler les conflits, ainsi qu’un véritable engagement éthique sont régulièrement évalués dans l’activité quotidienne. Le référentiel professionnel annexé à l’arrêté du 22 août 2018 relatif au DEASS valorise d’ailleurs explicitement ces dimensions, considérées comme facteurs de qualité de la relation d’aide et de stabilité professionnelle dans un métier souvent exposé au risque de surcharge émotionnelle et d’épuisement. Enfin, il ne faut pas négliger la part d’autonomie décisionnelle que suppose la fonction, notamment dans les territoires ruraux ou les structures sous tension, où l’assistante sociale doit souvent agir dans l’urgence, en concertation limitée avec ses collègues ou sa hiérarchie.
Les missions au quotidien d’une assistante sociale : entre écoute, accompagnement et intervention
Le métier d’assistante sociale repose sur une pluralité de missions réparties entre écoute active, accompagnement social individualisé et interventions institutionnelles. Conformément au Décret n° 2014-101 du 4 février 2014 relatif à l’organisation des services sociaux, l’assistante sociale intervient dans le cadre d’un mandat public ou associatif visant à favoriser le retour à l’autonomie des publics en difficulté. Chaque journée est rythmée par des entretiens avec les usagers orientés vers la compréhension de leur situation globale (logement, santé, emploi, famille), l’analyse de leurs droits et le montage de dossiers administratifs (CAF, RSA, hébergement d’urgence, protection de l’enfance…). Dans 42 % des cas recensés en milieu hospitalier (source : DREES, enquête ES 2023), il s’agit également de faciliter l’accès aux soins, à la sortie d’hospitalisation et à la continuité des droits sociaux.
Outre cet accompagnement de proximité, une partie du temps est dédiée à la coordination avec les partenaires : réunions avec les équipes pluridisciplinaires, articulation avec les dispositifs sociaux (CHRS, CCAS, services de la PMI, tribunaux), rédaction de rapports circonstanciés ou de signalements dans le cadre de la protection de l’enfance (article L226-2-1 du Code de l’action sociale et des familles). Le métier suppose donc une forte mobilité – visites à domicile, permanences décentralisées – et une capacité d’adaptation aux réalités très diverses du terrain.
Par ailleurs, dans certaines structures comme les établissements scolaires, les missions prennent une dimension préventive et éducative : l’assistante sociale contribue à la lutte contre le décrochage, au repérage des violences intrafamiliales ou à l’orientation vers des dispositifs spécialisés. Elle devient alors un maillon essentiel de la politique sociale territoriale, notamment dans le cadre des projets personnalisés d’accompagnement (PPA) et des dispositifs de réussite éducative. La charge de travail est lourde – 25 à 40 situations actives par professionnel en moyenne – mais le rôle reste central pour prévenir la marginalisation, fluidifier les parcours de vie et garantir l’accès aux droits fondamentaux.
Tableau des débouchés, opportunités d’emploi et évolutions de carrière après la reconversion
Une fois diplômé en tant qu’assistante de service social, un large éventail d’opportunités professionnelles s’ouvre aux personnes issues de la reconversion. Le champ d’action du travail social étant transversal et multisectoriel, les débouchés couvrent aussi bien le secteur public que privé, avec une présence importante dans les collectivités territoriales, les hôpitaux publics, les établissements médico-sociaux, les associations d’insertion et la protection de l’enfance. Selon les chiffres publiés par la DREES en 2023, plus de 88 % des diplômés trouvent un emploi dans les six mois suivant l’obtention du DEASS.
Le tableau ci-dessous présente une synthèse des principaux débouchés professionnels et perspectives de carrière accessibles après la reconversion, avec des indications sur les types d’employeurs, les environnements de travail et les perspectives d’évolution, en cohérence avec les textes de référence (Code de l’action sociale et des familles – articles R451-1 à R451-3 – et les grilles indiciaires de la fonction publique territoriale et hospitalière).
Secteur d’activité | Type d’employeurs | Nature du travail | Perspectives d’évolution |
---|---|---|---|
Fonction publique territoriale | Départements, communes, intercommunalités | Suivi des bénéficiaires du RSA, protection de l’enfance, aide sociale à l’enfance | Postes évolutifs vers cadre A (Conseiller socio-éducatif), mobilité interservices, responsabilités managériales |
Fonction publique hospitalière | CHU, hôpitaux généraux, cliniques | Accompagnement social des patients, préparation de la sortie, accès aux droits | Spécialisation en service d’urgence, addictologie ou gérontologie, encadrement d’équipe |
Éducation nationale | Collèges, lycées, rectorats | Lutte contre le décrochage, soutien aux élèves et familles en difficulté | Chargé de mission en politique éducative territoriale, coordinateur de dispositifs jeunesse |
Associations et secteur associatif | CHRS, associations de réinsertion, centres d’hébergement | Aide aux sans-abris, demandeurs d’asile, femmes victimes de violence | Coordination de projets, direction d’établissement, création de structure |
Structures privées ou entreprises | Mutuelles, caisses de retraite, grandes entreprises (RSE) | Accompagnement social salarié, médiation, maintien dans l’emploi | Consultant en protection sociale, référent inclusion, passage vers le secteur RH |
Les aides sociales se professionnalisant et se complexifiant, les profils polyvalents issus de reconversion sont particulièrement recherchés pour leur expérience antérieure dans d’autres univers professionnels. Cela permet d’occuper des fonctions transversales, voire d’initier des projets innovants dans une logique d’intervention sociale d’intérêt collectif (ISIC). En outre, l’inscription sur les listes d’aptitude via concours (catégorie B ou A selon le statut) permet de sécuriser l’entrée dans la fonction publique. Des passerelles existent aussi vers la formation (intervenant dans les écoles de travail social), la recherche ou la coordination de dispositifs interinstitutionnels.