Comprendre la portée d’une période d’inactivité professionnelle
Une longue période d’inactivité professionnelle peut survenir pour diverses raisons : congé parental, maladie, reconversion professionnelle, expatriation, ou période de recherche d’emploi prolongée. Quelle qu’en soit la cause, cette interruption peut soulever des interrogations lors d’un entretien d’embauche. Pourtant, avec une préparation adéquate et une communication stratégique, il est tout à fait possible de rassurer un recruteur et valoriser cette phase de transition.
Dans un contexte où le marché de l’emploi évolue rapidement, le lien continu entre expérience professionnelle et employabilité ne doit plus être perçu de manière rigide. Le Code du travail ne pénalise pas les périodes d’inactivité sur un CV (articles L1132-1 et suivants), et il appartient à chaque candidat d’en faire une force à travers un discours cohérent et positif.
Travailler sa présentation personnelle
Lors d’un entretien d’embauche après une période d’inactivité, la première impression compte. Il est donc essentiel de structurer son discours autour d’une narrative claire, authentique et rassurante. L’objectif est de démontrer que vous êtes prêt à reprendre un poste et que votre motivation est intacte.
Il est recommandé d’adopter une approche transparente, sans s’étendre inutilement ni dramatiser. Voici quelques conseils à ce sujet :
- Préparez une explication courte et directe : Résumez la raison de votre inactivité en une ou deux phrases. Par exemple : « Après une expatriation familiale, je suis désormais pleinement disponible pour reprendre une activité en France. »
- Mettez l’accent sur l’actualité de votre profil : Montrez que vous êtes resté connecté au monde professionnel par le biais de formations, de lectures, de projets personnels ou de bénévolat.
- Valorisez vos compétences transférables : Même en dehors d’un emploi formel, vous avez potentiellement développé des aptitudes précieuses : gestion de projet, organisation, communication, autonomie, etc.
Mettre à jour son CV et son profil en ligne
Un CV avec une « faille temporelle » non expliquée peut éveiller la méfiance. Il est donc crucial de présenter cette période intelligemment :
- Intégrez cette période dans le CV : Mentionnez par exemple « Congé parental », « Formation professionnelle », ou « Projet personnel » dans les expériences professionnelles, avec des dates précises.
- Mentionnez les activités pertinentes : Avez-vous suivi une formation certifiante grâce au CPF ? Avez-vous participé à des webinaires ou des MOOC ? Tous ces éléments peuvent enrichir votre profil.
- Soignez vos profils en ligne : Sur LinkedIn notamment, veillez à aligner votre discours et à tenir votre profil à jour. L’activité sur la plateforme (commentaires, partages de contenu, publications) est prisée par les recruteurs.
Si vous avez suivi une formation qualifiante pendant votre période d’inactivité, pensez à la mentionner : en vertu de l’article L6111-1 du Code du travail, la formation continue est reconnue comme un droit individuel, et peut donc être valorisée en entretien.
Préparer ses réponses aux questions sur l’inactivité
Anticiper les interrogations du recruteur est une étape clé. Certaines questions peuvent être délicates, et il est conseillé de s’y préparer :
- « Que faisiez-vous pendant cette période ? »
- « Pourquoi avez-vous interrompu votre carrière ? »
- « Comment vous êtes-vous maintenu à jour dans votre secteur ? »
Préparez des réponses positives, structurées, et centrées sur vos apprentissages. Revenez sur les compétences acquises, les valeurs découvertes, ou les prises de recul permises par cette période. L’important est de montrer que votre démarche s’inscrit dans un projet professionnel sincère et réfléchi.
Renouer avec la confiance en soi
Un retour à l’emploi peut s’accompagner de doutes. Pour les chasser, un travail sur la confiance en soi est essentiel. Le manque d’expérience récente ne signifie pas absence d’aptitudes. Voici quelques techniques pour se préparer mentalement à l’entretien :
- Simulez des entretiens : Entraînez-vous avec un proche, un coach emploi ou un conseiller Pôle emploi (via l’accompagnement global ou intensif, codifiés par la circulaire DGEFP n°2017-02 du 3 janvier 2017).
- Identifiez vos réussites passées : Gardez en tête trois ou quatre accomplissements professionnels marquants que vous pourrez citer en entretien.
- Utilisez la méthode STAR : Pour structurer vos exemples (Situation, Tâche, Action, Résultat), cette méthode vous aide à démontrer concrètement vos compétences.
Valoriser les expériences informelles
De nombreuses compétences peuvent être développées en dehors d’un cadre professionnel strict :
- Le bénévolat : Si vous avez été actif dans une association, vous avez probablement exercé des responsabilités, encadré des personnes ou géré un projet.
- Les formations personnelles : Nombreux sont les candidats qui suivent des MOOC, obtiennent des certifications, ou apprennent une langue étrangère.
- Les projets personnels : La création d’un blog, d’un podcast ou d’un portfolio peut démontrer votre dynamisme et vos compétences dans des domaines variés.
D’un point de vue juridique, il est tout à fait légitime de présenter ces expériences lors d’un entretien, tant qu’elles ne relèvent pas d’un emploi dissimulé (article L8221-1 du Code du travail). En entretien, elles peuvent illustrer votre motivation, votre curiosité et votre envie de progresser malgré l’absence de poste rémunéré.
Rester actif dans sa recherche d’emploi
Les recruteurs apprécient les candidats proactifs. Au-delà de l’analyse du parcours passé, ils cherchent à évaluer votre engagement dans la reprise professionnelle. Voici quelques pistes concrètes :
- Participez à des événements professionnels : Salons, forums, conférences ou webinaires sont autant d’occasions de vous mettre à jour et d’entretenir un réseau.
- Multipliez les candidatures ciblées : Préférez la qualité à la quantité, en personnalisant votre lettre de motivation à chaque offre.
- Mettez en avant votre montée en compétence : Mentionnez la dernière compétence acquise et pourquoi elle vous sera utile dans le contexte du poste visé.
Faire de la période d’inactivité une richesse
En définitive, une période d’inactivité professionnelle n’est pas un handicap si elle est expliquée et valorisée avec assurance. Nombreux sont les recruteurs sensibles aux parcours atypiques, pourvu qu’ils soient empreints de cohérence et de projets clairs.
Plutôt que de dissimuler cette période, mieux vaut lui donner du sens : qu’avez-vous appris ? Qu’avez-vous compris sur vos envies professionnelles ? Comment cette pause vous rend-elle plus fort face aux défis du poste ? Ces éléments peuvent devenir de véritables arguments différenciants en entretien.
Enfin, gardez à l’esprit que le marché de l’emploi évolue vers une plus grande valorisation de la flexibilité, de l’adaptabilité, et des parcours pluriels. Ce que vous présentez comme une faiblesse peut, avec les bons mots et la bonne perspective, devenir une force auprès de votre futur employeur.