Combien gagne un gestionnaire de patrimoine : salaire moyen, évolutions de carrière et facteurs de rémunération

Combien gagne réellement un gestionnaire de patrimoine en France ? La question revient souvent, que ce soit chez les étudiants en finance, les banquiers en reconversion ou les commerciaux qui veulent évoluer vers un métier plus stratégique. La réalité, c’est qu’il existe de forts écarts de rémunération selon le statut, l’expérience et le portefeuille client. Mais ces écarts obéissent à des logiques très claires.

Dans cet article, on va passer en revue les niveaux de salaire, les facteurs qui les font varier, et les perspectives d’évolution pour un gestionnaire de patrimoine salarié ou indépendant. Objectif : vous donner des repères chiffrés et concrets pour évaluer votre trajectoire ou préparer une reconversion.

Le métier de gestionnaire de patrimoine en quelques mots

Avant de parler salaire, il faut clarifier le périmètre du poste. Derrière “gestionnaire de patrimoine”, on trouve en réalité plusieurs réalités :

  • Le conseiller en gestion de patrimoine en banque de détail (poste souvent accessible dès la sortie d’école)
  • Le conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGP) ou en cabinet
  • Le banquier privé (private banker) pour une clientèle très aisée
  • Le conseiller patrimonial en assurance ou mutuelle
  • Tous ont un point commun : ils accompagnent des clients dans l’optimisation et la structuration de leur patrimoine (épargne, placements, immobilier, fiscalité, transmission…). En pratique, le métier mélange :

  • Analyse financière et fiscale
  • Vente de produits financiers (assurance-vie, SCPI, PEA, produits structurés…)
  • Suivi commercial et relation de long terme avec les clients
  • Veille réglementaire et mises à jour régulières de la stratégie patrimoniale
  • C’est un métier à forte dimension commerciale, avec un impact direct sur la rémunération. Plus vous apportez d’actifs sous gestion à votre structure, plus vous avez de chances de gagner correctement votre vie.

    Salaire moyen d’un gestionnaire de patrimoine en France

    En France, le salaire moyen d’un gestionnaire de patrimoine salarié se situe globalement :

  • Entre 40 000 € et 55 000 € bruts par an en milieu de carrière
  • Avec une part variable qui peut aller de 10 % à 40 % de la rémunération totale selon les structures
  • On observe cependant de fortes différences :

  • En banque de détail, pour un poste de “conseiller patrimonial” ou “gestionnaire de patrimoine” : salaire global souvent compris entre 35 000 € et 60 000 € bruts annuels selon l’ancienneté
  • En banque privée ou banque d’affaires : fourchette beaucoup plus large, de 50 000 € à plus de 120 000 € pour les profils seniors avec un portefeuille conséquent
  • En cabinet de gestion de patrimoine ou en tant que CGP indépendant : revenus très variables, de 30 000 € à plus de 200 000 € bruts annuels selon la base clients et la capacité commerciale
  • Autrement dit, le métier peut être “confortable” ou très rémunérateur, mais rarement “moyen” sur le long terme : les meilleurs profils finissent souvent par s’extraire des grilles salariales classiques.

    Rémunération selon l’expérience : junior, confirmé, senior

    Comme dans beaucoup de métiers de la finance, la progression salariale est marquée par les 7 à 10 premières années de carrière.

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    Débutant (0 à 3 ans d’expérience)

  • En banque de détail : entre 30 000 € et 38 000 € bruts annuels, parfois un peu plus en Île-de-France
  • En cabinet ou en réseau spécialisé : souvent entre 28 000 € et 35 000 € fixes + un variable lié au chiffre d’affaires
  • À ce stade, vous êtes encore en phase d’apprentissage. Le portefeuille clients est souvent “donné” par la structure, la part variable reste limitée et votre marge de négociation est réduite.

    Confirmé (3 à 8 ans d’expérience)

  • En banque : le fixe monte entre 38 000 € et 50 000 €, avec des variables qui peuvent ajouter 5 000 € à 15 000 € selon les résultats
  • En cabinet : on trouve des rémunérations globales entre 45 000 € et 70 000 €, avec un variable qui peut devenir significatif
  • C’est souvent à ce moment que vous commencez à gérer une clientèle plus aisée (cadres sup, chefs d’entreprise, professions libérales), ce qui augmente mécaniquement les encours sous gestion… et donc les commissions générées.

    Senior (8 à 15 ans et plus)

  • Banque privée / gestion de fortune : entre 70 000 € et 120 000 € bruts, parfois plus pour les top performers
  • CGP associé ou indépendant avec portefeuille établi : entre 80 000 € et 200 000 € bruts annuels, avec des années plus ou moins bonnes
  • La clé à ce niveau : la fidélisation d’une clientèle à fort patrimoine et la capacité à capter de nouveaux encours, souvent via la recommandation ou un réseau développé sur plusieurs années.

    Fixe, variable, commissions : comment se compose le salaire ?

    Un gestionnaire de patrimoine est rarement payé uniquement au fixe. La très grande majorité des rémunérations intègrent une dimension variable :

  • Prime sur objectifs commerciaux (encours, collecte, ventes de produits spécifiques)
  • Commissions sur produits financiers et d’assurance
  • Bonus annuel lié aux résultats de l’agence, du service ou du cabinet
  • On retrouve souvent les schémas suivants :

  • En banque de détail : 80–90 % de fixe, 10–20 % de variable
  • En banque privée : 60–80 % de fixe, 20–40 % de variable (voire plus dans certaines structures anglo-saxonnes)
  • En cabinet ou en réseau de CGP : fixe plus modeste (ou parfois nul au démarrage) mais fort pourcentage sur le chiffre d’affaires généré
  • Exemple très concret : un CGP en cabinet peut être rémunéré avec un fixe de 30 000 € + 20 % de commission sur le chiffre d’affaires. S’il génère 200 000 € de CA sur l’année, son variable atteindra 40 000 €, soit une rémunération totale de 70 000 € bruts.

    À l’inverse, un gestionnaire de patrimoine en banque avec 45 000 € de fixe et 8 000 € de variable aura peu d’écarts d’une année sur l’autre, mais une sécurité de revenu plus forte.

    Les principaux facteurs qui font varier le salaire

    Pourquoi un gestionnaire de patrimoine peut gagner 35 000 € ou 150 000 € avec le même intitulé de poste ? Parce que plusieurs facteurs pèsent lourd dans la balance.

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    Le type de structure

  • Banques de détail généralistes : grilles de salaire encadrées, progression régulière mais plafonnée
  • Banques privées, sociétés de gestion, family offices : rémunérations plus élevées mais niveau d’exigence et pression commerciale plus forts
  • Cabinets indépendants et réseaux : rémunération très corrélée à vos résultats commerciaux
  • Le portefeuille clients

    Le niveau de patrimoine de vos clients joue un rôle clé :

  • Clientèle “mass affluent” (patrimoine financier 100 000–300 000 €)
  • Clientèle haut de gamme (300 000–1 000 000 €)
  • Clientèle “private banking” (plusieurs millions d’euros)
  • Plus les encours sont élevés, plus les commissions de gestion (et les flux) sont importants. C’est la base économique du métier.

    Le lieu de travail

    Les rémunérations sont plus élevées :

  • En Île-de-France, notamment Paris et l’Ouest parisien
  • Dans les grandes métropoles (Lyon, Bordeaux, Lille, Toulouse, Nantes)
  • Mais attention : le coût de la vie suit souvent la même courbe.

    Le niveau de diplôme et les certifications

    Les recruteurs valorisent particulièrement :

  • Les masters en gestion de patrimoine, finance, banque, école de commerce
  • Les certifications de type AMF, CIF, ou des labels professionnels (CGPC, CNCGP…)
  • Une double compétence juridique / fiscale et commerciale
  • Un diplômé d’école de commerce + master gestion de patrimoine en alternance dans une grande banque privée n’aura pas la même trajectoire salariale qu’un profil purement commercial sans spécialisation financière.

    Évolutions de carrière et impact sur la rémunération

    Le métier de gestionnaire de patrimoine offre plusieurs voies d’évolution qui influencent fortement le salaire.

    Rester dans la gestion de patrimoine, mais monter en gamme

  • Passer de la banque de détail à la banque privée
  • Évoluer vers une clientèle de chefs d’entreprise et grands comptes patrimoniaux
  • C’est souvent le chemin le plus direct vers des rémunérations à 6 chiffres pour les meilleurs profils.

    Devenir manager d’équipe

    Dans les grands réseaux, beaucoup de gestionnaires de patrimoine évoluent vers :

  • Responsable d’agence ou de groupe
  • Directeur de secteur ou de région
  • Les salaires augmentent (souvent +10 à +30 %), mais la dimension commerciale individuelle laisse place au management, à la gestion d’objectifs et au pilotage budgétaire.

    Se lancer en indépendant

    C’est la voie choisie par de nombreux gestionnaires expérimentés :

  • Création ou rachat d’un cabinet de gestion de patrimoine
  • Statut de conseiller en investissements financiers (CIF)
  • Possibilité de travailler avec plusieurs fournisseurs (assureurs, sociétés de gestion, promoteurs immobiliers…)
  • Les revenus peuvent exploser après quelques années… ou stagner, voire régresser, si la prospection commerciale ne suit pas. C’est un choix plus risqué mais avec un plafond de verre beaucoup plus haut.

    Comment maximiser sa rémunération comme gestionnaire de patrimoine ?

    Si vous êtes déjà dans le métier (ou en passe de l’intégrer), plusieurs leviers concrets existent pour booster votre rémunération.

    1. Travailler votre segment de clientèle

    Monter en gamme est le levier le plus puissant :

  • Cibler les professions libérales, dirigeants de PME, cadres dirigeants
  • Développer un discours plus pointu sur la fiscalité, la transmission, la protection du conjoint, les revenus locatifs…
  • Proposer des solutions sur-mesure plutôt que du “produit catalogue”
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    Un gestionnaire qui gère 80 clients à 50 000 € d’encours n’a ni les mêmes enjeux ni la même rémunération que celui qui en gère 80 à 500 000 €.

    2. Développer une expertise différenciante

    Les profils les mieux payés ne sont pas seulement bons commercialement, ils sont identifiés comme “référents” sur certains sujets :

  • Optimisation de la rémunération du dirigeant
  • Structuration de holdings patrimoniales
  • Investissement immobilier via SCPI, démembrement, LMNP/LMP
  • Gestion de trésorerie d’entreprise
  • Cette expertise vous rend plus précieux pour votre employeur… et plus difficile à remplacer, ce qui pèse positivement dans toute négociation salariale.

    3. Soigner votre réseau

    Les gestionnaires de patrimoine les plus performants ont systématiquement un réseau actif :

  • Notaires, avocats, experts-comptables
  • Réseaux d’entrepreneurs, clubs d’affaires, associations professionnelles
  • Partenariats avec des apporteurs d’affaires (dans le respect du cadre légal)
  • C’est souvent par ces canaux que viennent les gros dossiers. Et ce sont ces dossiers qui font la différence sur les primes de fin d’année.

    4. Savoir négocier au bon moment

    Dans un réseau bancaire ou un grand groupe, les augmentations sont rarement spectaculaires spontanément. Pour maximiser vos chances :

  • Arrivez en entretien annuel avec des chiffres clairs : encours collectés, progression du portefeuille, satisfaction client
  • Comparez votre rémunération aux standards du marché (en restant factuel, pas plaintif)
  • Identifiez les bons moments : obtention d’un diplôme, prise de portefeuille plus conséquent, changement de poste
  • Dans les cabinets indépendants, la négociation porte souvent davantage sur le pourcentage des commissions que sur le fixe. Un point de commission en plus peut représenter plusieurs milliers d’euros par an à encours constant.

    Ce qu’il faut retenir sur la rémunération d’un gestionnaire de patrimoine

    Derrière la question “combien gagne un gestionnaire de patrimoine ?”, il y a en réalité plusieurs scénarios de carrière très différents :

  • Un gestionnaire de patrimoine salarié en banque, avec une rémunération globalement comprise entre 35 000 € et 70 000 € bruts selon l’expérience et la région
  • Un banquier privé ou un profil senior, qui peut dépasser les 100 000 € bruts annuels grâce à un portefeuille de clients fortunés
  • Un conseiller en gestion de patrimoine indépendant, avec des revenus plus irréguliers mais un potentiel largement supérieur à la moyenne s’il développe un portefeuille solide
  • Le point clé à garder en tête : dans ce métier, votre rémunération suit de près la valeur financière que vous apportez à votre employeur ou à votre structure. Encours, chiffre d’affaires, fidélisation des clients, acquisition de nouveaux patrimoines : tout finit par se traduire sur votre bulletin de salaire.

    Si vous aimez le contact client, que vous avez un vrai appétit pour les sujets financiers et fiscaux, et que la partie commerciale ne vous effraie pas, la gestion de patrimoine reste l’un des métiers les plus intéressants du secteur banque/assurance, autant sur le plan intellectuel que financier.