
Alternance et apprentissage : deux voies, un objectif
Souvent mis dans le même panier, les contrats d’alternance et d’apprentissage recouvrent pourtant des réalités différentes. Dans un monde du travail en constante mutation, bien comprendre ces options est essentiel pour construire une trajectoire professionnelle cohérente et efficace. Que vous soyez étudiant, jeune actif ou en reconversion, choisir entre l’alternance et l’apprentissage dépend de vos objectifs, de votre âge, mais aussi de votre secteur.
On débroussaille ensemble les différences concrètes, leurs avantages et les pièges à éviter. L’idée ? Que vous puissiez décider en toute connaissance de cause, sans flou ni jargon inutile.
Petit rappel : qu’est-ce qu’un contrat en alternance ?
Le terme « alternance » est un terme générique. Il regroupe deux types de contrats en entreprise : le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation.
Autrement dit : tous les apprentis sont en alternance, mais tous les alternants ne sont pas en apprentissage. Nuance essentielle.
- Le contrat d’apprentissage est orienté vers les jeunes en formation initiale, principalement dans le cadre d’un diplôme reconnu par l’État (CAP, BTS, licence, master, etc.)
- Le contrat de professionnalisation vise davantage l’insertion ou la réinsertion dans le monde professionnel, souvent via des titres professionnels ou des CQP (Certificats de Qualification Professionnelle)
Différences clés entre apprentissage et professionnalisation
Pour mieux visualiser les écarts, voici les critères les plus pertinents à comparer :
1. L’âge
Le contrat d’apprentissage s’adresse principalement aux jeunes de 16 à 29 ans révolus. Quelques exceptions existent pour les personnes en situation de handicap ou les créateurs d’entreprise, mais elles restent marginales.
Le contrat de professionnalisation est ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans, aux demandeurs d’emploi de 26 ans et plus, ainsi qu’à certains bénéficiaires de minima sociaux. Il offre donc une souplesse plus grande, notamment pour les adultes en reconversion.
2. Le type de formation
Le contrat d’apprentissage prépare à un diplôme enregistré au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). L’objectif est souvent académique : obtenir une licence, un master, un CAP, un BTS, etc.
Le contrat de professionnalisation, lui, a une visée plus professionnelle. Il prépare à un titre reconnu par une branche, avec une orientation très terrain. On le retrouve souvent dans les formations en ressources humaines, commerce, services à la personne, etc.
3. La rémunération
Les montants varient selon l’âge et l’année de formation, mais le principe est simple : en apprentissage, la grille de rémunération est légèrement moins avantageuse.
Un exemple concret (grilles 2024 en base SMIC brut) :
- 18-20 ans :
- Apprentissage : entre 43 % et 51 % du SMIC
- Professionnalisation : minimum 55 % du SMIC
- 21-25 ans :
- Apprentissage : entre 53 % et 61 %
- Professionnalisation : minimum 70 %
- 26 ans et plus :
- Apprentissage : 100 % du SMIC ou du minimum conventionnel
- Professionnalisation : idem, mais parfois jusqu’à 85 % du salaire conventionnel si l’entreprise est généreuse.
Le contrat pro peut donc être plus attractif… sur la fiche de paie.
4. Le statut du salarié
Dans les deux cas, le jeune est salarié de l’entreprise. Mais en apprentissage, le lien est aussi très étroit avec le CFA (Centre de Formation d’Apprentis), tandis que le contrat pro implique souvent un organisme de formation privé.
Dans les faits, les apprentis sont souvent plus intégrés dans un cycle scolaire, alors que les contrats pro peuvent ressembler davantage à des CDI de courte durée : rapide, efficace, sans trop de théorique.
Pour quel type de projet professionnel ?
Si on schématise, chaque contrat se prête mieux à certains profils :
- Apprentissage : idéal pour construire un parcours long, avec des étapes diplômantes. Exemple : un jeune de 18 ans qui veut obtenir BTS + licence pro + master. Le cadre est scolaire, les plages d’alternance bien réparties. L’objectif est de gravir les échelons progressivement.
- Professionnalisation : mieux adapté pour ceux qui veulent aller vite et cibler une insertion directe. Exemple : une mère de famille en reconversion dans les RH, ou un demandeur d’emploi de 35 ans qui souhaite valider un titre en commerce. Le rythme est souvent plus soutenu, mais l’ancrage professionnel est très fort.
Vous hésitez entre les deux ? Regardez d’abord votre besoin immédiat : apprendre ou exercer ? Vous former théoriquement ou gagner en employabilité rapide ?
Le budget pour l’entreprise… et votre chance d’être embauché
On me demande souvent : “Quel contrat les entreprises préfèrent aujourd’hui ?” Réponse : ça dépend de leur budget, de leur besoin en compétences, et de la taille de la structure.
Une PME privilégiant l’opérationnel optera plutôt pour un contrat pro : gain rapide, peu de contraintes administratives. À l’inverse, un grand groupe formant ses futurs cadres dès l’école penchera pour l’apprentissage, via ses partenariats avec les universités ou écoles d’ingénieurs.
Sachant que dans 65 % des cas (source : Ministère du Travail, rapport 2023), un contrat en alternance débouche sur une offre d’emploi, il vaut mieux viser le secteur qui recrute le plus… plutôt que le contrat le plus confortable.
Quels sont les secteurs qui recrutent en apprentissage ou contrat pro ?
Petit tour d’horizon des tendances actuelles :
- Apprentissage :
- Industrie (automobile, aéronautique, énergie)
- BTP
- Informatique et ingénierie
- Hôtellerie-restauration (notamment à partir du CAP)
- Professionnalisation :
- Commerce et grande distribution
- Ressources Humaines et gestion
- Aide à la personne et paramédical
- Assurance, banque, immobilier
Les profils très techniques s’orienteront naturellement vers l’apprentissage, notamment si une suite d’études est envisagée. Les profils orientés services ou ventes privilégieront le contrat pro.
Astuces pour bien choisir son contrat
Avant de signer, posez-vous les bonnes questions :
- Mon objectif principal est-il d’avoir un diplôme reconnu ou d’intégrer le marché du travail rapidement ?
- Quel est mon âge ? Ai-je encore droit au contrat d’apprentissage ?
- Ma formation est-elle reconnue par l’État ou la branche professionnelle ?
- L’entreprise qui me propose ce contrat connaît-elle bien les spécificités de chaque voie ?
- Ai-je comparé les grilles de salaire et mon temps de formation ?
Bon à savoir : certaines entreprises ne savent pas faire la différence entre les deux types de contrats. Soyez proactif. Questionnez-les sur les enjeux RH, sur le type de tutorat prévu, et sur la possibilité d’embauche à la fin.
Quelques erreurs à éviter
- Signer sans comprendre : trop de jeunes acceptent une offre sans vérifier le rythme, le lieu de formation ou les missions en entreprise. Résultat : abandon prématuré.
- Choisir uniquement le salaire : ce n’est pas parce que le contrat pro est mieux rémunéré à court terme qu’il est toujours plus stratégique.
- Négliger le réseau : en alternance, votre plus grand atout est le carnet d’adresses que vous constituez. Soignez votre présence, vos relations avec vos tuteurs, vos formateurs…
En résumé
Alternance ou apprentissage ? Il ne s’agit pas de choisir « le meilleur », mais le plus pertinent pour vous.
L’apprentissage vous offre un cadre structuré et diplômant, souvent idéal pour les jeunes en formation initiale. Le contrat de professionnalisation vous propulse plus vite dans le monde du travail, surtout si vous êtes en reconversion ou demandeur d’emploi.
C’est en croisant votre projet, votre profil et votre ambition que vous trouverez la bonne formule.
Et souvenez-vous : un bon contrat d’alternance, c’est celui qui vous ouvre des portes… pas celui qui vous enferme dans une case.
Besoin d’un coup de main pour décrypter une offre ou clarifier vos options ? N’hésitez pas à consulter nos autres articles dans la rubrique Conseils. Ils sont là pour ça.