Combien gagne un pompier volontaire en France selon la grille indiciaire

Un engagement précieux, une rémunération symbolique

En France, les sapeurs-pompiers volontaires représentent 79 % des effectifs des services d’incendie et de secours. Autrement dit, ce sont eux qui assurent l’essentiel des interventions. Pourtant, leur engagement repose essentiellement sur le volontariat — avec, en contrepartie, une indemnisation modeste basée sur une grille indiciaire nationale.

Derrière cette modestie se cache une question centrale : combien gagne réellement un pompier volontaire ? Comment calculer sa rémunération ? Quels sont les montants en 2024 ? Voyons concrètement ce que signifie être payé selon la « grille indiciaire » quand on choisit de servir sans en faire un métier à temps plein.

Volontaire, mais pas bénévole

Le terme prête parfois à confusion. Être pompier volontaire ne signifie pas travailler gratuitement. Il ne s’agit pas non plus d’un emploi salarié : aucune relation contractuelle de travail ne lie le volontaire à l’État ou aux SDIS (Services Départementaux d’Incendie et de Secours). Cependant, ce dernier perçoit une indemnité horaire, calculée selon un barème fixé par un décret.

Ce système permet d’indemniser le temps passé en intervention, en manœuvre ou en formation, sans confondre cela avec un salaire classique. Pour les employeurs privés comme publics, ce statut reste donc compatible avec une activité professionnelle, tout en valorisant l’implication citoyenne.

La grille indiciaire 2024 : une base de calcul

Le montant de l’indemnisation est fixé au niveau national, et mis à jour régulièrement par décret. Il dépend :

  • Du grade du pompier volontaire
  • Du type d’activité exercée (intervention, formation, astreinte)

Voici la grille indiciaire d’indemnisation 2024, en vigueur selon l’arrêté du 4 avril 2023 :

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Indemnités horaires par grade pour les interventions :

  • Sapeur : 8,08 €
  • Caporal : 8,65 €
  • Sergent : 9,78 €
  • Adjudant : 10,73 €
  • Lieutenant : 12,40 €
  • Capitaine : 14,13 €

À noter : ces montants sont exonérés d’impôts (dans la limite de 7 616 € par an) et de charges sociales, ce qui en fait une indemnité « nette » dans la poche.

Un exemple concret : combien ça rapporte ?

Imaginons Julie, 28 ans, sapeur-pompier volontaire dans un SDIS en région Occitanie. Elle est de grade « Caporal », et elle consacre en moyenne 20 heures par mois aux interventions urgentes.

Avec une indemnité horaire de 8,65 €, Julie perçoit :

20 x 8,65 € = 173 € net par mois.

Ajoutons une formation mensuelle de 4 heures, rémunérée sur la même base : elle peut ainsi atteindre 207,60 €. Cela reste bien inférieur au SMIC horaire, mais ce n’est pas le but. Pour Julie, comme pour bien d’autres, c’est d’abord une vocation — parfois même un tremplin vers un métier dans la sécurité civile ou les secours.

Les autres formes d’engagement rémunéré

En plus des interventions, certaines activités connexes sont indemnisées :

  • Les astreintes : bien que modestement rémunérées, elles permettent de rester disponible à domicile ou à proximité de la caserne. Le taux d’indemnisation varie de 0,75 € à 1,50 € de l’heure selon le département.
  • Les actions de formation : qu’ils soient formateurs ou stagiaires, les pompiers volontaires sont indemnisés lors des sessions officielles.
  • Les missions exceptionnelles : comme lors de catastrophes naturelles ou d’événements majeurs, les volontaires mobilisés peuvent voir leur indemnisation revalorisée.
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Mais là encore, le calcul se base sur la même logique d’une indemnisation horaire liée au grade, clairement encadrée.

Différences entre les départements ?

Sur le papier, la rémunération est nationale. En pratique, de légères variations existent selon les SDIS. Certains conseils départementaux accordent des primes supplémentaires, ou indemnisent l’astreinte de manière plus favorable.

Un exemple marquant : en Haute-Savoie, les pompiers volontaires peuvent bénéficier d’un forfait mobilité pour leurs déplacements si ceux-ci dépassent un certain nombre d’interventions par mois.

Cependant, ces bonus sont rares. La majorité des SDIS appliquent la grille nationale de manière uniforme. Si vous êtes candidat, mieux vaut vous concentrer sur les conditions locales en matière de disponibilité, de formation et de gestion des plannings que sur une éventuelle prime exceptionnelle.

Des avantages indirects non négligeables

Être pompier volontaire, ce n’est pas seulement une indemnité. C’est aussi un ensemble d’avantages souvent ignorés :

  • Formation gratuite et reconnue (secourisme, sécurité incendie, conduite d’urgence)
  • Accès à certains postes dans la fonction publique sur concours ou sur équivalence de compétences
  • Valorisation sur un CV, notamment dans les domaines de la sécurité, de la santé ou du leadership
  • Réseau relationnel fort et esprit d’équipe très développé

Plusieurs recruteurs considèrent favorablement ce type d’engagement, qui démontre un sens aigu des responsabilités, du sang-froid et de l’altruisme.

« On sait que la personne est capable de gérer une crise, de travailler en équipe, et qu’elle ne compte pas ses heures » nous confiait récemment un directeur RH d’un grand groupe industriel, qui valorise les profils de pompiers volontaires dans ses équipes de sécurité.

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Quelle évolution possible ?

La carrière de pompier volontaire n’est pas figée. Il est possible d’évoluer en grade, d’effectuer davantage de missions spécialisées, voire de rejoindre la fonction publique à temps plein.

Environ 20 % des sapeurs-pompiers professionnels en France sont d’anciens volontaires. Pour ces derniers, l’expérience acquise est un atout majeur lors des concours internes. Elle compte également pour le calcul de l’ancienneté et de certains droits à la retraite.

Autrement dit, le volontariat peut être un engagement citoyen… mais aussi une étape stratégique dans une carrière.

En résumé

La mission de pompier volontaire n’est pas motivée par l’argent. Elle repose sur l’engagement, la solidarité et un fort esprit de service public. L’indemnisation — bien que modeste — reconnaît toutefois le temps et les efforts investis : entre 8 et 14 € de l’heure selon le grade, sans impôt ni prélèvements. Cela peut représenter une centaine d’euros par mois, voire davantage pour les plus actifs.

Au-delà de la dimension financière, être sapeur-pompier volontaire, c’est aussi acquérir des compétences-clés, renforcer son employabilité et s’ouvrir à des opportunités professionnelles dans des secteurs en tension. Pour certains, c’est une parenthèse citoyenne. Pour d’autres, un point de départ vers une carrière pleine de sens.

Si vous envisagez de vous engager, posez-vous la bonne question : combien vaut pour vous le sens du devoir ?