
Pourquoi se former à l’arboriculture aujourd’hui ?
Planter, tailler, récolter… Travailler dans l’arboriculture, c’est s’engager dans un métier vivant, concret et proche de la nature. Mais c’est aussi intégrer un secteur qui recrute. Selon une étude de l’INSEE, la filière arboricole génère plus de 50 000 emplois en France. Avec les départs en retraite massifs et la relocalisation de la production fruitière, les besoins en personnel qualifié explosent.
Même si l’on pense souvent aux exploitants agricoles, l’arboriculture offre bien d’autres débouchés : technicien arboricole, ouvrier spécialisé, conseiller agricole, chef de culture… Les entreprises – coopératives, exploitations, pépinières – cherchent des profils formés, capables de maîtriser les techniques et les enjeux actuels : durabilité, gestion des ressources, innovation variétale, etc.
Quels métiers dans les arbres fruitiers ?
Choisir l’arboriculture, ce n’est pas seulement grimper dans un arbre. C’est intervenir sur toutes les étapes de vie d’un verger. Voici quelques métiers concrets de la filière :
- Ouvrier arboricole : chargé de l’entretien des arbres, de la taille, de la récolte, et de la mise en condition des fruits. Il travaille toutes les saisons.
- Chef de culture : responsable d’une exploitation ou d’une partie du verger. Il planifie les travaux, encadre les équipes, suit la maturation des cultures.
- Technicien conseil en arboriculture : accompagne les producteurs dans leurs choix techniques et stratégiques. Ce métier requiert une bonne expertise agronomique.
- Responsable de station de conditionnement : supervise le tri, le calibrage, et le stockage des fruits après récolte.
- Pépiniériste : spécialisé dans la reproduction des arbres, de la greffe à la vente.
Le fil rouge entre ces rôles ? La connaissance de l’arbre, du sol, du climat… et de plus en plus, des données et techniques innovantes : capteurs, irrigation pilotée, lutte biologique. D’où l’importance d’une formation solide.
Quel parcours pour se former ?
Il n’existe pas un chemin unique pour devenir arboriculteur. Plusieurs voies s’offrent à vous selon votre âge, votre niveau d’études et votre projet professionnel.
Le CAP Agricole “Métiers de l’Agriculture” – Option Production Fruitière
C’est la formation de base par excellence. Accessible dès la fin de la 3ème, il permet d’acquérir les gestes techniques fondamentaux : plantation, taille, greffe, etc. La formation se fait en deux ans (moins si en apprentissage) avec alternance théorie/pratique.
Le Bac Pro « Conduite et gestion de l’exploitation agricole » (CGEA)
Idéal pour ceux qui visent des postes à responsabilités, ce bac pro propose une spécialisation en arboriculture. On y apprend à gérer une exploitation dans sa globalité : comptabilité, gestion des équipes, choix techniques. Il ouvre aussi la porte à l’installation comme agriculteur.
Le BTS Agricole – Productions Horticoles ou Agronomie-Production Végétale
Ce diplôme de niveau Bac+2 s’adresse aux profils plus scientifiques ou gestionnaires. Il forme des techniciens capables d’encadrer, de conseiller, ou de mener des projets innovants en arboriculture. Il est aussi très prisé chez les coopératives ou les structures de recherche agronomique.
Les Certificats de Spécialisation (CS)
Pour les personnes déjà titulaires d’un diplôme agricole, il est possible de se spécialiser avec un CS, comme le CS arboriculture fruitière. La formation se concentre sur les aspects pratiques et opérationnels terrain. C’est aussi une forme de « reconversion ciblée ».
Les formations adultes et reconversions
Vous avez plus de 25 ans et vous souhaitez changer de voie ? Bonne nouvelle : plusieurs centres de formation professionnelle continuent de proposer des parcours dédiés, notamment via les CFPPA (Centres de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole). Des formations intensives de 6 à 12 mois permettent d’acquérir les bases et de débuter rapidement sur le terrain.
Même les personnes éloignées du secteur peuvent intégrer ces formations grâce à des dispositifs de financement : CPF, POEI, PTP (Projet Transition Professionnelle)… Les régions soutiennent également fortement ces formations dans leurs plans pour l’agriculture durable.
Où se former concrètement ?
En France, les établissements spécialisés ne manquent pas. Voici quelques centres reconnus :
- CFPPA de La Canourgue (Lozère) : réputé pour sa formation adulte en arboriculture de montagne.
- LEGTA de Perpignan Roussillon : très orienté vers les fruits méditerranéens (cerise, abricot, pêche).
- CFPPA de Nyons (Drôme) : propose une formation adulte complète en arboriculture biologique.
- CFPPA de Bergerac (Dordogne) : idéal pour les passionnés de pommiers, pruniers et noix.
Un conseil : privilégiez les centres qui ont des partenariats avec des exploitations locales. Cela facilite les immersions professionnelles et les débouchés à la sortie de la formation.
Et après la formation ?
Diplôme en poche, les débouchés sont nombreux. Plusieurs options s’offrent à vous :
- Intégrer une exploitation existante : comme ouvrier, chef d’équipe ou bras droit du dirigeant.
- S’installer à son compte : en location d’un verger ou en créant sa propre entreprise.
- Travailler en coopérative ou en chambre d’agriculture : pour apporter du conseil technique.
- Évoluer vers l’enseignement ou l’animation rurale : en promouvant les bonnes pratiques agricoles durables.
Un exemple parlant : Lucie, ancienne comptable en reconversion, a suivi un CS en arboriculture au CFPPA de Nyons à 37 ans. Un an plus tard, elle a repris une petite exploitation de pommiers dans la Drôme. Elle vend aujourd’hui en circuit court et envisage d’accueillir des scolaires pour des ateliers pédagogiques. Preuve que des parcours atypiques sont possibles, pourvu qu’on soit bien formé(e).
Ce que recherchent les recruteurs en arboriculture
La technique, oui, mais pas uniquement. Les dirigeants d’exploitation ou les HR en coopératives insistent sur les qualités humaines de leurs recrues :
- Autonomie : une journée passée au verger demande d’être capable de prendre des décisions sur le terrain.
- Endurance physique : certaines tâches (récolte manuelle, taille) peuvent être exigeantes.
- Curiosité et ouverture au changement : les pratiques agricoles évoluent vite (du bio au permaculturel, en passant par les nouvelles variétés résistantes).
- Sens de l’observation : reconnaître une maladie, un stress hydrique ou une maturité optimale n’est pas donné à tout le monde.
À diplôme égal, ce sont souvent ces qualités comportementales qui feront la différence à l’embauche.
Quelques pistes pour booster votre employabilité
Au-delà de la formation pure, voici quelques leviers pour vous distinguer :
- Passez votre Certiphyto : indispensable pour manipuler ou conseiller sur les produits phytosanitaires. De plus en plus exigé.
- Valorisez vos stages : sur votre CV ou vos entretiens, mettez en avant les techniques apprises, les problèmes résolus, et ce que vous avez aimé.
- Impliquez-vous dans les réseaux locaux : MSA, syndicats d’arboriculteurs, AMAP, etc. Le bouche-à-oreille compte davantage qu’on ne le croit.
- Misez sur la spécialisation : fruits rares, arboriculture biologique, transformation artisanale… Les niches ne manquent pas.
Enfin, n’oubliez pas que les métiers de l’arboriculture allient la patience de la terre et l’agilité du changement. Dans un monde où beaucoup cherchent du sens, travailler la terre et nourrir les autres reste une vocation très actuelle.